L'AMX-10 RC est un engin blindé de reconnaissance-feu (reconnaître et riposter en cas d'attaque), à roues et canon (RC signifiant « Roues-Canon » et non « Reconnaissance » comme on peut le lire parfois ; ce qui est encore aujourd'hui son appellation officielle)[3]. Conçu durant les années 70 par l'AMX et l'APX pour remplacer l'EBR de Panhard dans les régiments de cavalerie légère, il est désormais, à son tour, remplacé par son successeur, l'EBRC Jaguar.
AMX-10 RC | |
Un AMX-10 RC du 1er Régiment de Spahis | |
Caractéristiques de service | |
---|---|
Service | (dans l'Armée de Terre) |
Utilisateurs | ![]()
|
Conflits | Guerre du Sahara occidental Guerre du Golfe (1990-1991) |
Production | |
Concepteur | Atelier de Construction d'Issy-les-Moulineaux (AMX) et Atelier de construction de Puteaux (APX) |
Année de conception | 1970-1977 |
Constructeur | arsenal de Roanne (ARE) |
Production | 457[1] |
Caractéristiques générales | |
Équipage | 4 (pilote, tireur, chargeur, chef d'engin) |
Longueur | 6,24 m (9,15 m avec le canon) |
Largeur | 2,78 m |
Hauteur | 2,56 m |
Garde au sol | de 21 cm à 60 cm |
Masse au combat | AMX-10 RC : 15,8 tonnes à 16,6 tonnes AMX-10 RCR : 17 tonnes |
Blindage (épaisseur/inclinaison) | |
Blindage | structure mécanosoudée en alliage d'aluminium 7020 assurant une protection contre les éclats de projectiles d'artillerie et les armes automatique de moyen calibre[2]. Surblindage rapporté en acier de haute dureté. |
Armement | |
Armement principal | Un canon de 105 mm F2 BK MECA L/48 (38 obus) |
Armement secondaire | Une mitrailleuse AA 7,62 NF1 jumelée au canon (4 000 cartouches), une autre sur le toit. |
Mobilité | |
Moteur | Hispano-Suiza HS-115 polycarburant (1981-1985) Baudouin Diesel 6F11 SRX (1985 - à présent) |
Puissance | 250 ch (186 kW) à 3 200 tr/min et 280 ch (206 kW) à 3 000 tr/min respectivement |
Transmission | GIAT ARE 4AD60 (4 AV/4 AR) |
Suspension | oléo-pneumatique à garde au sol et assiette variable |
Vitesse sur route | 85 km/h sur route, 40 km/h en tout-terrain |
Puissance massique | 16,67 ch/tonne |
Réservoir | 525 ℓ |
Autonomie | 500 à 1 000 km |
modifier ![]() |
Au début des années 60, l'État-major de l'armée de Terre envisage de remplacer l'Engin Blindé de Reconnaissance (EBR) qui est alors en service depuis une dizaine d'années dans l'Armée Française. En 1963, la Section technique de l'Armée de terre (STAT) teste de prototype de l'ERAC (Engin de Reconnaissance Amphibie de Combat[4] ou Engin de Reconnaissance Amphibie à Chenilles), un blindé léger chenillé pesant entre 6,7 t et 8 t possédant une tourelle armée d'un canon de 105 mm D739 tirant un obus empenné à charge creuse à la vitesse initiale de 850 m/s.
Les essais sont peu concluants et le projet ERAC est arrêté. Son successeur, l’Engin de combat amphibie (ECA) n’aura pas plus de chance et son développement est arrêté à son tour à la fin des années 60[5].
À partir de 1970, un nouveau programme visant à développer un véhicule blindé amphibie d'une gamme de poids de 10 t à 15 t apparaît et l'AMX-APX entame le développement de l'AMX-10 P, un blindé léger chenillé destiné à remplacer l'AMX-13 VTT. Le directeur général de l'AMX-APX de l'époque eu l'idée de concevoir une version à roues de l'AMX-10P possédant un armement similaire à celui de l'ERAC. Cette version à six roues motrices portera l'appellation d'AMX-10 RC (RC pour roue et canon). Trois prototypes seront fabriqués.
L'Armée de terre passera une première commande de 190 exemplaires au GIAT en 1977, les livraisons durèrent de 1977 à 1982 pour un total de 350 engins[6].
L'Armée royale du Maroc commanda 108 exemplaires en 1981, ces derniers sont dépourvus d'hydrojets.
Les derniers AMX-10 RC seront livrés en une série de 12 chars en 1994 pour l'armée de terre de l'Émirat du Qatar. À la fin des années 2000, l'engin est en cours de revalorisation, les 256 exemplaires sont amenés au standard AMX 10 RCR (Revalorisé). La rénovation a lieu pour la partie mobilité à la 12e base de soutien du matériel de Gien et pour la partie tourelle et intégration sur le site de Roanne de Nexter Systems.
Depuis les années 1990, une modification en atelier de maintenance conduit à une suppression de la composante "amphibie" par le démontage du pare-lames de la plage avant, la neutralisation mécanique des hydrojets et le montage d'un kit de surblindage.
Le véhicule est modernisé au cours des années 2000 pour y intégrer des systèmes de communication informatisés, dans le but de prolonger sa carrière opérationnelle jusqu'au début des années 2020[3].
Un AMX-10 détourellé est utilisé le pour transporter le cercueil d'Hubert Germain[7], dernier compagnon de l'ordre de la Libération, lors de la cérémonie nationale d'hommage[8].
L'AMX-10 RC est destiné à remplir des missions de renseignement blindé, de sûreté, d'investigation. Il est apte à combattre en atmosphère contaminée et était entièrement amphibie.
L'AMX-10 RC est armé d'un canon d'un calibre de 105 mm portant l'appellation de Modèle F2 ou F2 (MECA) ou encore BK MECA. Le canon possède une longueur de 48 calibres (fût de 5,04 mètres), est non autofretté et est recouvert d’un manchon anti-arcure. Il possède une culasse semi-automatique à coin vertical permettant l'éjection automatique de la douille après le tir. Sa masse oscillante est de 720 kg pour une masse reculante de 560 kg [9]. Le débattement du canon en site est de +20° à -8°.
Le F2 (MECA) est un canon à basse pression, le plus puissant de son calibre[10], conçu spécifiquement pour être monté sur un blindé léger de 10 tonnes à 15 tonnes, son effort de recul est limité à 13 tonnes grâce à son frein de bouche et sa longueur de recul de 60 cm. Sa pression maximale admissible en chambre est de 210 mégapascal lors du tir d'une munition OCC 105 F3[11]. L'entrée en dotation de la munition flèche en 1987 a nécessité l'installation d'un nouveau frein de bouche entre 1987 et 1989.
Le canon F2 de l'AMX-10 RC utilise des munitions exclusives de 105 × 527R qui ne sont pas interchangeables avec les munitions de 105 mm au standard OTAN[12]. 38 obus sont emportés dont 12 obus prêts au tir, ces derniers sont rangés verticalement, à gauche de la culasse du canon, appuyés contre le panier de la tourelle. Les 26 autres sont rangés dans un râtelier situé dans la caisse, à droite du conducteur. La dotation typique en munition est de 10 obus-flèche, 9 obus à charge creuse et de 19 obus explosifs à fragmentation[13].
La gamme de munitions employée par l'AMX-10 RC comprend :
Une mitrailleuse coaxiale de 7,62 mm AAN F1 montée à gauche du canon complète l'armement de masque. Une deuxième mitrailleuse du même modèle est montée sur un affut devant la trappe du chargeur. 4 200 cartouches de 7,62 mm sont stockées à bord.
Il est doté d'une conduite de tir Safran M401 COTAC (COnduite de Tir Automatique pour Char) couplé à un télémètre laser APX M550 conçu par la CILAS (Compagnie Industrielle des Lasers). Cette conduite de tir intégrée permet d’intervenir, véhicule à l’arrêt, sur but fixe ou mobile dans des conditions satisfaisantes de justesse au premier coup tiré, l'AMX-10RC est le premier engin de combat de l’armée de terre française à disposer de cette conduite de tir automatique. On la retrouvera sur les premiers AMX-30B2, en remplacement du télémètre optique dans le cadre du programme de rénovation[15]. Un système de simbleautage automatique fait la référence directe du pointage à la volée du canon par l’intermédiaire d’un miroir de volée M553.
Le tireur dispose de :
Le chef d'engin possède :
L'AMX-10 RC reprend le moteur, le convertisseur, la boîte de vitesses et le différentiel de direction de l'AMX-10 P. Son moteur V8 polycarburant Hispano-Suiza HS 115-2 est suralimenté par deux turbocompresseurs montés en parallèle. Il développe 260 ch à 3 200 tr/min et possède une cylindrée de 8,2 ℓ pour un couple maximal de 775 N m atteint à 2 250 tr/min.
En 1983 fut prise la décision de changer de moteur, le moteur diesel Baudouin 6F11 SRX fut sélectionné en 1985 et un programme de rétrofit s'est déroulé jusqu'en 1995. Le 6F11 SRX possède une suralimentation refroidie et développe 300 ch (actuellement bridé à 280 ch) à 3 000 tr/min.
Le couple moteur est transmis au roues via une chaîne cinématique relativement complexe. La boîte de vitesses GIAT ARE 4AD60[17] possède quatre vitesses en marche avant et quatre en marche arrière. Afin de faciliter la conduite, la boîte 4AD60 a été robotisée sur l'AMX-10 RCR et seulement trois rapports sont disponibles en marche arrière.
Montée devant le moteur, la boîte de vitesses possède deux arbres de sortie latéraux qui passent chacun à travers leur boîte de transfert[18] respective qui sont situées chacune entre le deuxième et le troisième essieu. Elles amènent la puissance mécanique en bas de caisse à deux arbres de transmission latéraux qui courent le long du plancher de la caisse. Chaque arbre de transmission possède des cardans et trois couples coniques. Chaque couple conique est relié, par l'intermédiaire d'un roulement à rouleaux croisés, à un bras oscillant de suspension qui abrite une descente de mouvement composé de trois engrenages relié à un réducteur épicycloïdal situé à l'intérieur du moyeu de la roue[17].
Chacune des six roues motrices est équipée de pneumatique Michelin 14.00 R20 XL à affaissement limité.
L'AMX-10 RC se conduit comme un char, ses six roues ne sont pas directrices, le changement de direction s'effectue donc par glissement (ripage). Ce procédé a l'avantage de permettre en particulier le virage sur place et de se contenter d'un châssis moins compliqué et plus compact que celui des véhicules blindés à direction classique.
Les vérins de la suspension oléo-pneumatique permettant de faire varier la garde au sol et l'assiette sont logés à l'intérieur de la caisse et sont actionnés par un système complexe de doubles bielles récupérant les oscillations des bras de suspension extérieurs via un vilebrequin courant sur toute la longueur de la caisse.
La caisse est constituée d'une structure mécanosoudée en alliage d'aluminium 7020 qui assure une protection contre les éclats de projectiles d'artillerie et les armes automatiques de moyen calibre. L'alliage d'aluminium 7020 a la particularité de présenter une bonne résistance mécanique, l'espace entre les roues est occupé par des réservoirs de carburant.
Entre décembre 1990 et janvier 1991, les AMX-10 RC des unités 1°RS, 1°REC et RICM devant participer à l'opération Daguet ont été surblindé par le GIAT à la Cité militaire du roi Khalid (KKMC). Ce surblindage en acier haute dureté était installé à l'avant, sur le volet pilote et sur le masque de la tourelle. Les roues furent également recouvertes de guêtres pare-sable en aluminium.
Depuis la fin des années 1990, un surblindage fait de tôles d'acier haute dureté de 5 mm à 10 mm d'épaisseur recouvre également les flancs de la tourelle ainsi que ceux de la caisse, cet ajout fait définitivement perdre à l'AMX-10 RC sa capacité amphibie mais, en contrepartie, le protège contre les obus perforants-incendiaires BZT de 23 mm à une distance de 300 m.
Les AMX-10 RC de la division Daguet reçurent un brouilleur électro-optique, directionnel, à éclats Eirel[19] monté devant la trappe du chargeur. Des pots lance-leurres du système Galix furent également monté au sommet de la tourelle.
La tourelle TK 105 est mue hydrauliquement au moyen d'une pompe hydraulique SAMM CH49 entrainée par un moteur électrique alimenté par la génératrice du groupe motopropulseur (moteur, coupleur, boîte de vitesses) et/ou par les batteries. La pression de service est de 90 bars et elle régule à 120 bars.
La caisse en aluminium mécanosoudé est étanche. Le train de roulement présente six roues indépendantes à réducteurs montées sur suspension hydropneumatique par un système de variation de garde au sol (SVGS). La garde au sol est variable selon quatre positions : parc, route, tout terrain et haute ; elle est mue par une pompe hydraulique flasquée sur le carter de distribution du moteur. Moteur Diesel Baudouin (les premiers exemplaires livrés avaient des moteurs Hispano-Suiza V8) 6 cylindres en V à 90°, développant 280 ch à 3 000 tr/min[20]. Transfert de couple hydraulique. Boîte manuelle à quatre rapports (quatre marche avant et quatre en marche arrière avec système d'inverseur direct) à transmission électromécanique de coupure.
Un programme d'amélioration de la protection balistique a été effectué sur la plupart des chars, par l'ajout de tôles en acier durci d'une épaisseur de 10 mm. À la manière d'un blindage espacé, elles permettent de faire exploser prématurément les munitions grâce à leurs flancs inclinés et le volume entre elles et le char. Elles sont facilement reconnaissables par la forme en biseau qu'elles donnent aux côtés de l'AMX-10 RC.
Il existe trois sortes d'AMX-10RC (tourelle TK 105) :
À noter aussi que des prototypes ont existé :
La rénovation sur le châssis comprend :
La rénovation de la tourelle TK 105 comprend :
L'AMX 10 RC est entré en dotation dans les régiments de cavalerie blindée des Divisions d'Infanterie en 1980, ainsi que dans les régiments de reconnaissance de corps d'armée.
Le programme Scorpion prévoit le remplacement de ce matériel ainsi que celui de l'ERC-90 Sagaie par l'EBRC Jaguar[30]. Les livraisons débutent en février 2022 et portent sur 300 exemplaires à l'horizon 2030[31],[32].
Les engins ont été envoyés sur de nombreux théâtres d'opération. Guerre du Golfe (1990-1991), Kosovo, Côte d'Ivoire, etc.
Sur les autres projets Wikimedia :